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L’entente de principe conclue entre le gouvernement et les médecins spécialistes a fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers jours. Nous attendions d’en connaître davantage avant d’émettre nos commentaires. Aujourd’hui, bien que nous ne sachions toujours pas ce que contient l’entente, nous pouvons déjà la qualifier de véritable scandale.

Revenons un peu en arrière pour bien comprendre l’ampleur du désastre.

En 2006, Philippe Couillard (médecin spécialiste), alors ministre de la Santé et Gaétan Barrette (aussi médecin spécialiste), représentant du quasi-syndicat des médecins spécialistes, signent une entente prévoyant une augmentation massive de leur rémunération. La comparaison entre les médecins de l’Ontario et ceux du Québec sert alors de prétexte pour consentir des milliards supplémentaires. Pourquoi faudrait-il établir cette comparaison pour les médecins alors que cette façon de faire ne s’applique pas au personnel du secteur public québécois? Nous n’avons malheureusement pas la réponse. Faut-il être médecin spécialiste pour le comprendre?

Le 21 février 2007, Philippe Couillard (médecin spécialiste) permet aussi à ses collègues de s’incorporer, ce qui leur permet de baisser leur taux d’imposition et d’accumuler davantage d’argent. La manœuvre est réalisée la journée où Jean Charest déclenche les élections et passe donc complètement inaperçue[1].

Le résultat est spectaculaire : à partir de 2006, la rémunération moyenne des médecins spécialistes a explosé, passant de 240 524 $[2] à 403 537 $ en 2016[3]. La même année, la rémunération moyenne d’un spécialiste ontarien était de 367 000 $[4].

La poursuite de l’explosion salariale

Malheureusement, contre toute logique, Philippe Couillard démontre aujourd’hui qu’il est déterminé à ce que cette envolée se perpétue.

Vingt-quatre heures après que Gaétan Barrette eut tenu un point de presse où il affirmait que le rattrapage avec le reste du Canada était terminé et que les médecins spécialistes devraient ouvrir l’entente signée en 2006[5], il est éjecté des négociations.

Soucieux d’éviter un conflit entre son ministre de la santé et les médecins spécialistes, Philippe Couillard confie la négociation à Juan Roberto Iglesias qui est tout à la fois médecin, ami de longue date du premier ministre et ancien secrétaire général de son gouvernement[6]. C’est le troisième médecin de suite à négocier avec des collègues.

Sans surprise, l’entente conclue récemment avec les spécialistes garantit non seulement la poursuite de leur festival des augmentations de salaire, mais elle élimine également plusieurs des contraintes que leur avait imposées Gaétan Barrette. Ils obtiennent le beurre et l’argent du beurre sur toute la ligne.

Philippe Couillard reconnaît lui-même que l’entente qu’il a signée comme ministre de la Santé était basée sur un comparatif erroné, mais il affirme qu’il faut néanmoins la respecter. Sans sourciller, il avoue du même souffle qu’il a commis une erreur de plusieurs milliards de dollars au profit de sa propre profession et qu’il n’a aucune intention de la réparer.

Pire, il a l’intention de la répéter : l’entente récemment signée prévoit des augmentations supplémentaires si les médecins du Québec prenaient du retard par rapport à leurs collègues ontariens. Évidemment, encore une fois, aucune réduction de salaire si ce sont les médecins québécois qui prennent de l’avance[7].

L’entente des médecins spécialistes refile carrément à ceux qui sont parmi les plus riches de notre société les milliards que le gouvernement libéral a arrachés aux plus démunis et à ses propres employés via les années d’austérité subies.

Lorsqu’il arrachait des mains des plus démunis de notre société l’accès à des services publics qui aurait pu les aider, Philippe Couillard prétextait « l’effort à faire pour les finances publiques ».

Lorsqu’il a négocié avec les salariés de la classe moyenne de la fonction publique, pourtant victimes d’un retard salarial dûment démontré, il tenait la ligne dure au nom de la « capacité de payer » des Québécois. Il ne s’est jamais gêné pour geler notre salaire[8], rendre notre travail plus pénible ou abolir de nos emplois. Jamais il n’a fait de comparaison avec ceux qui occupent des emplois équivalents aux nôtres en Ontario ou dans le reste du Canada. Et nous, on ne peut pas s’incorporer pour sauver de l’impôt....

Bien que l’on affirme parfois que la mémoire politique des Québécoises et des Québécois est de 6 mois, monsieur Couillard, nous pouvons vous garantir une chose : cette fois-ci, nous allons nous en souvenir!

Christian Daigle

[1] http://plus.lapresse.ca/screens/dd7b844f-8a26-405c-b08a-9621ecc52fed__7C___0.html

[2] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/661059/augmentation-remuneration-specialistes-fmsq-gaetan-barrette

[3] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1083956/verif-medecin-specialiste-quebecois-salaire-sante-quebec-reseau-ontario-canada-politique

[4] https://www.ledroit.com/actualites/sante/medecins-specialistes-couillard-prevoit-epargner-des-milliards-0abc014fda51c5ab65958dfcb4b2a778

[5] http://plus.lapresse.ca/screens/80276b78-f411-4a5b-aca9-d31ec2cb2c5a__7C___0.html

[6] http://plus.lapresse.ca/screens/db1f8e3b-c015-43f3-b575-2fd176869a26__7C___0.html

[7] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/520460/quebec-devoile-les-grandes-lignes-de-son-entente-avec-les-medecins-specialistes

[8] Notamment en 2004-2005 et les trois premiers mois de 2006, sans compter l’année 2015, montant forfaitaire et 2019, montant forfaitaire et relativité.

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2020-06-03

Je sais tout - Hausse du salaire minimum

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